
ATISOKANICICA
Le corbeau, le renard et le lézard
Un matin, le corbeau partit faire une promenade en forêt. Il rencontra le carcajou qui, devant son air triste lui demanda : «Qu'avez-vous, corbeau, vous êtes seul ?» «Oui, je suis seul. Je n'ai pas de famille», répondit le corbeau. C'est ainsi qu'ils décidèrent de poursuivre leur route ensemble. En chemin, ils tuèrent un orignal et ils s'installèrent dans une clairière pour le manger.
Quelques jours plus tard, le carcajou surprit le corbeau qui pleurait en cachette. «Qu'avez-vous à pleurer, à quoi pensez-vous ?», s'inquiéta-t-il. «À mes enfants, ils doivent mourir de faim», dit le corbeau. «Mais vous m'aviez dit que vous étiez seul au monde», s'étonna le carcajou. «Retournez vite chez vous, voir vos enfants.» «Je pars aujourd'hui même», dit le corbeau. «Combien de temps prendrez-vous pour le voyage ?», demanda le carcajou. «Cela me prendra cinq jours», répondit le corbeau.
Par hasard, le renard qui passait par là les entendit parler et vint les trouver. «Je vois que vous avez un long voyage à faire. Avez-vous du feu pour vous réchauffer ?», s'informa le renard.«Non», fit le corbeau. Alors le renard sauta cinq fois par dessus le corbeau. «Vous pouvez partir tranquille, je viens de vous donner du feu pour cinq jours», ajouta le renard.
Le corbeau partit le lendemain matin et fatigué après une journée de marche décida de s'arrêter. Il se demanda si le renard lui avait vraiment donné du feu. Alors il se mit à ramasser du bois pour faire un essai. Aussitôt le bois ramassé et entassé, il sauta par-dessus comme le renard lui avait expliqué. Le tas de bois s'enflamma immédiatement. Quand il fut bien reposé, il reprit sa route. Tout à coup, le corbeau se demanda si le renard lui avait vraiment donné du feu pour cinq jours. Il se remit à ramasser du bois et sauta par-dessus le tas. Le bois s'enflamma comme la première fois. Puis il repartit. Par trois fois encore, il douta du renard et il fit trois autres feux pour être certain que le renard ne lui avait pas menti. Enfin assuré, il continua sa route.
Le deuxième soir, le corbeau fit un nouvel arrêt pour se reposer. Il ramassa des branchages pour faire un bon feu. Il sauta par-dessus le tas mais un tout petit feu s'alluma. Il sauta encore par-dessus et le feu s'éteignit. Incapable de produire la moindre étincelle, il rebroussa chemin. Il arriva chez ses amis presque gelé et à bout de forces. Ceux-ci comprirent qu'il avait gaspillé tout le feu.
Le lendemain, le corbeau se prépara pour un autre départ et le renard sauta cinq fois par-dessus lui. Après avoir remercié le renard pour sa générosité, le corbeau quitta ses amis. Au bout de cinq jours de marche dans la forêt, il arriva chez lui. «Tes enfants vont mourir de faim», lui dit sa femme. «Nous n'avons plus rien à manger depuis longtemps. Le lézard ne nous a donné aucun morceau de castor.» «Bien, je vais aller lui prendre quelques morceaux et nourrir les enfants», dit le corbeau. Plus tard, le corbeau revint avec la nourriture promise.
Un des enfants du lézard avait tout vu. Il raconta la scène à son père et celui-ci se mit en colère. Il envoya son fils dire au corbeau de venir chercher d'autres morceaux de castor; il voulait le piéger. De son côté, le corbeau s'était aussi aperçu de la présence du petit lézard et de son complot avec le père. Mais quand il revint avec la nourriture, il fit comme s'il ne savait rien.
Donc le petit lézard se présenta chez le corbeau et il répéta son message. Ensuite, ils se dirigèrent tous les deux vers la maison du père. Quand ils arrivèrent sur les lieux, le corbeau saisit le petit et lui passa la tête dans la porte. Le lézard qui attendait derrière avec un bâton frappa avec fureur.
Le lézard sortit de sa maison, certain d'avoir tué le corbeau. À ce moment-là, il s'aperçut de son erreur. Il se coucha par terre et pleura des journées entières.
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Le chien
C'était l'hiver. Deux hommes partirent pour la chasse à l'orignal. Ils se rendirent jusqu'à leur camp de chasse et là, ils coupèrent du bois pour se chauffer. Soudain ils entendirent un cri, un hurlement qui venait des montagnes. «Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce qu'on entend ?», dit un des deux hommes. Il paraissait songeur et très effrayé. «Ce n'est pas le train. Il n'y a pas de chemin de fer par ici. Il n'y a absolument rien de ce côté. Il n'y a que des montagnes et c'est de là que provient le cri», répondit son compagnon. Les deux hommes avaient peur et ils ne purent fermer l'oeil de la nuit. Enfin, le jour se leva, faisant disparaître toutes craintes. Très tôt, ils se préparèrent et partir chasser. Pour leurs déplacements, ils utilisaient des raquettes. Cependant, la distance qui les séparait du village était plus rapidement parcourue avec un traîneau tiré par des chiens.
Ce matin-là, ils se dirigèrent vers la montagne. Bientôt, ils virent des pistes fraîches d'orignaux. Au fur et à mesure qu'ils progressaient sur leur chemin, ils constatèrent que les pistes étaient de plus en plus fraîches. Les orignaux n'étaient plus très loin; ils entendirent des panaches s'entrechoquer.
Encore quelques pas et ils virent trois orignaux, tous des mâles. Ils en abattirent deux. Une fois dépecés, ils les enfouirent sous la neige. Ensuite, ils retournèrent au camp. Ils coupaient du bois quand ils entendirent à nouveau ce cri effrayant. Les chiens devaient l'entendre aussi, mais ils l'ignoraient tout simplement.
Les deux hommes songeaient à rentrer au village. Cependant ils restèrent au camp encore une nuit. Le lendemain, ils retournèrent dépecer les orignaux. Ils revinrent à la tombée du jour et, une fois de plus, le cri se fit entendre. Ils chargèrent donc les traîneaux et ils quittèrent les lieux rapidement en direction du village. C'est alors qu'un des chiens tomba sur la neige. Il était mort ! Son maître l'enterra et comme il s'était mis à neiger, ils retardèrent leur départ d'une autre journée.
Le lendemain matin, ils s'apprêtaient à retourner au village quand tout à coup ils remarquèrent des traces de chien dans la neige. Les traces menaient au camp, puis continuaient jusqu'à l'endroit où les chiens avaient l'habitude de manger.
Le chien « mort » la veille se tenait debout, bien vivant. Son maître dit à l'autre homme. «On va voir ce qu'il va faire, si c'est vraiment mon chien. S'il veut m'attaquer, tire-lui dessus». Il appela l'animal et le chien répondit à son appel.... Les questions qui vinrent alors à l'esprit des deux hommes restèrent à jamais sans réponse.
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3. Autrefois…
Avant les animaux étaient des hommes. Il y a longtemps, les grenouilles et les brochets on ne les pêchait pas pour les manger. Le brochet « kinocew » était un homme il y a longtemps. Quand il a commencé à parler, il a dit : « Quand je serai un homme, je mangerai n’importe quoi, même les vieilles chaussures. » Les hommes n’ont pas voulu que le brochet soit un homme parce qu’il mangeait n’importe quoi. C’est pour ça qu’aujourd’hui l’on en mange plus. Tous les animaux ont parlé, l’ours a pleuré [...] c’est l’écureuil qui voulait devenir un ours ! « Tu es trop petit pour devenir un ours », il a pleuré et c’est pour ça qu’il a une tache blanche autour des yeux. Les hommes n’ont pas voulu que l’écureuil se transforme en ours, on ne peut pas le manger maintenant parce qu’il est trop petit. L’ours est resté l’ours.
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4. Le caribou
Tous les animaux parlaient ensemble : Caribou, Loutre, etc. Caribou dit : « Je vais avoir l’ombre de tous les oiseaux. »
Les autres animaux répondirent : « Est-ce que les gens devront t’implorer si tu as l’ombre des oiseaux qui vivent dans l’eau ? » Comment pourras-tu nourrir les gens, si tu possèdes l’ombre des oiseaux qui vivent dans l’eau ? » Alors, les animaux n’ont pas laissé Caribou avoir les ombres des oiseaux.
Le lièvre dit : « Je serai le frère des animaux afin de procurer aux gens de quoi manger. Je donnerai aux gens leur vie. » C’est la raison pour laquelle il est facile de prendre des lièvres.
Ombre : Caribou voulait être comme les oiseaux et vivre comme eux. Il aurait pu vivre dans l’eau et être le maître des oiseaux. C’est pourquoi Caribou est si léger lorsqu’il court ― lorsqu’il perce la glace, il rebondit comme un canard ; lorsqu’il nage, il est plus vite qu’un canot. Il « vole » toujours à travers les bois.